Oublier toute une heure, la pendule d'argent...

J'ai accompagné mon vieil ami de 90 ans sur le quai du RER.



Il entre dans le wagon, cherche une place assise.

Un grand type se lève, de ceux qui font un peu peur, un noir souple et costaud. Il veut céder sa place à mon ami, qui la refuse. Effrayé ? D'où je suis, difficile à dire. Etonné, ne comprenant peut-être pas d'ailleurs ce que lui veut le gars, il s'assied plus loin.

Je suis gênée pour le jeune homme, je voudrais lui expliquer la vieillesse. Mais il ne me regarde pas, et j'exhorte mon reflet dans la vitre. Que lui est ce vieillard ? Un Blanc, un bourgeois, portant fourrure et toque sur son costume, un vieux... Il n'a pas balancé, et pourtant, il y avait des places libres.

Je suis rassurée. J'avais un peu peur de laisser mon ami dans ce monde dur, bruyant, triste. Comme si j'allais le livrer à l'ogre. Et voici qu'un autre ami a surgi, souple et décidé...

J'ai levé la main pour saluer mais personne ne m'a vue, ni le grand type sur sa banquette, ni le vieillard qui avait sorti son journal de sa poche - ce vieux geste !

C'est moi qui suis seule, perdue, dans un monde inconnu, incompréhensible.

Où est la sortie ?

On est toujours vieux quand on est triste.